mercredi 11 juillet 2012

L'Archipel des Numinées - Charlotte Bousquet : Arachnae

Informations :

Auteur : Charlotte Bousquet
Saga : L'Archipel des Numinées
Éditions : Mnémos
302 pages
22 €

Quatrième de Couverture :

Des bas-fonds les plus sordides aux éclats de la cour princière, la cité d'Arachnae se livre sans fards, gangrenée par l'horreur et les excès. Dans le labyrinthe où se côtoient la misère et le vice, des cadavres d'enfants torturés sont retrouvés. Théodora, la belle bretteuse libertine, est contrainte de s'allier avec l'austère Capitaine Gracci pour faire cesser ces crimes, alors qu'une guerre souterraine sans merci se joue entre le prince Alessio et les Moires, ses conseillères, et qu'une secte mystérieuse semble étendre son influence sur l'aristocratie décadente.

Ces alliés que tout oppose parviendront-ils à dénouer la trame des possibles, ou se laisseront-ils engluer dans la toile de la Destinée ?
Arachnae a toujours été dirigée par des femmes. Nous formons un tout : les trois visages de la lune et son incarnation humaine.

 Mon avis :

Sorti courant 2009 aux éditions Mnémos, Arachnae a tout de suite fait parler de lui, gratifiant ainsi son auteure (Charlotte Bousquet) d'une notoriété qu'on ne lui connaissait pas auparavant. Il faut dire que le livre, avec sa superbe illustration (signée Elvire de Cock) et sa mystérieuse quatrième de couverture, ne laisse pas indifférent. Ayant lu sur la toile de nombreux avis positifs - et puisque je n'avais jamais lu de Dark Fantasy, j'ai décidé de me le procurer, même s'il faut avouer qu'il est devenu assez difficile à trouver en format papier (puisque Mnémos ne semble plus le tirer). En revanche, pour ceux qui ça intéresse, l'éditeur l'a sorti le mois dernier en e-book ! Premier tome de L'Archipel des Numinées, il est suivi de Cytheriae et Matricia, dont les histoires se déroulent dans deux autres îles de l'archipel.

Arachnae nous mène donc au cœur de trois intrigues qui, à première vue, paraissent totalement détachées les unes des autres, mais que l'auteur réussit à entremêler avec brio. C'est un des premiers points que j'ai apprécié durant ma lecture. J'ai vraiment été étonné de voir ces trois intrigues se rejoindre et se lier par des fils parfois ténus. Le récit nous fait donc suivre une intrigue politique, avec Alessio, prince d'Arachnae, qui va tenter tout au long du livre de lutter contre de vils comploteurs prêts à tout pour le destituer de ses fonctions et provoquer la chute de sa famille. Parallèlement à cela, nous suivons Théodora, une étudiante de l'Académie de Vespera, qui va être contrainte d'enquêter avec le Capitaine Gracci sur une affaire de meurtres d'enfants. Enfin, au cours de l'avancée du récit, nous découvrons qu'une mystérieuse secte de cannibales pourrait bien, si elle n'est pas stoppée, faire sombrer l'île tout entière. Présenté comme de la Dark Fantasy, vous constaterez donc à la lecture qu'on retrouve en Arachnae de très forts parfums de polar et de thriller, ce qui est indéniablement un atout ! La magie, bien que légère et jamais excessive, reste très présente dans le récit, et j'ai particulièrement apprécié le fait qu'elle ne soit pas une solution permanente aux problèmes que rencontrent les protagonistes. Le scénario bien ficelé fait qu'on a vraiment du mal à reposer le livre avant de l'avoir lu en long en large et en travers !

Autre point positif : le style de l'auteure. Riche et imagé, il est à mon sens parfaitement adapté à l'atmosphère sourde, presque sépulcrale, qui se dégage des profondeurs d'Arachnae, capitale de l'île éponyme. Charlotte Bousquet réussit à nous donner l'illusion d'une cité aux profondeurs obscures, gangrenée par les vices et les excès, sombre toile dans laquelle les personnages semblent totalement englués. C'est pour moi le gros point positif du livre. Arachnae n'est pas qu'une île : on a vraiment l'impression qu'elle est un personnage à part entière du récit, et rien que pour ça, l'histoire mérite d'être lue ! Véritable touche à tout, Charlotte mêle dans son livre extraits de pièces de théâtre, de poèmes et de contes qui confèrent à l'univers crée une profondeur que le lecteur prend un certain plaisir à sonder.

Du côté des points négatifs, je dois avouer que j'ai mis un peu de temps à rentrer dans le livre. Je pense que c'est en partie dû à la multitude de personnages qui composent le récit. En effet, on en compte plus d'une vingtaine, et chaque chapitre nous fait suivre les trois intrigues simultanément. L'auteure multiplie les points de vue, ce qui donne une impression d'éclatement qui pourrait en gêner certains. Parallèlement, il faut noter que cet éclatement confère au récit une véritable dynamique. Personnellement, passé les 100 premières pages et une fois bien repéré qui est qui et qui fait quoi, je n'ai pas pu lâcher le livre !

Autre point négatif : la longueur du livre. Pour moi, il est un peu court et la fin est trop précipitée. J'avoue que je n'aurais pas dit non à une centaine de pages supplémentaires, ne serait-ce que pour nous offrir un dénouement moins rapide. D'un autre côté, la brièveté du récit le rend plus dense et exempt de longueurs... Une chose est sûre, on ne s'ennuie pas en lisant Arachnae ! Mais le fait est qu'on a du mal à s'attacher aux personnages, tant ils sont nombreux et trop peu développés (à l'exception de Théodora). Cela est sans doute aussi dû au fait qu'ils sont quasiment tous des figures de débauche et de corruption.

Au final, je ressors de cette lecture agréablement surpris par le style de l'auteure et par son talent pour les descriptions et la création d'atmosphères. Charlotte Bousquet est incontestablement une auteure à suivre ! Les quelques points noirs venus assombrir le tableau n'auront pas suffi à masquer la richesse et la profondeur de l'univers crée. C'est donc avec plaisir que je me replongerai très bientôt dans l'Archipel des Numinées avec Cytheriae !


Le petit extrait qui fait envie :

« Cela lui rappelait, étrangement, quelques vers écrits par le défunt Mercutio pour une vaniteuse amante :

Ô, splendide hétaïre aux courbes insolentes !
Merveilleuse odalisque à la pose indolente !
Sais-tu ce que cachent tes formes généreuses,
Et tes chairs, pétales d’une fleur vénéneuse ?

Des abats répugnants, des entrailles fumantes,
Les morceaux avariés d’une viande sanglante,
Les effluves fétides de tes excrétions […]

Arachnae était semblable en tout point à cette courtisane. C’était là son âme. C’était là son essence. Et nul n’aurait conçu qu’il en aille autrement. »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Envie de commenter ? C'est par ici !