samedi 22 septembre 2012

Lorenzaccio - Alfred de Musset

Informations :

Auteur : Alfred de Musset
Éditions : Petits Classiques Larousse
249 pages
3,50 €

Quatrième de couverture :

Personnage grossier, brutal, le duc Alexandre de Médicis dirige la ville de Florence. Se désintéressant de sa haute fonction, méprisant la bourgeoisie comme le peuple, il passe son temps dans le lit des femmes. Son jeune cousin Lorenzo s'est donné pour but de libérer Florence de la tyrannie d'Alexandre. Mais parviendra-t-il à assassiner le duc ? Saura-t-il surmonte les tourments de sa conscience ? Avec Lorenzaccio, Alfred de Musset signe l'un des drames les plus célèbres du théâtre romantique.

Mon avis :

Parmi les auteurs que mes années lycée m'auront fait découvrir et surtout aimer, Musset fait sans nul doute parti des premiers. Les Caprices de Marianne en seconde, On ne badine pas avec l'amour en première et Lorenzaccio cette année, il est certain que je commence à me familiariser avec les techniques d'écriture de ce grand auteur romantique. Pourtant - chose totalement étonnante, à chaque nouvelle œuvre, c'est comme si je redécouvrais Musset d'un œil neuf ! Alors certes, de nombreux thèmes sont communs à la plupart de ses écrits, mais chaque fois, c'est comme si tout un nouveau pan - jusqu'alors insoupçonné - de son génie se révélait à moi ! Et très honnêtement, j'adore ça ! Vous l'aurez compris, Lorenzaccio a été une excellente lecture !

Je ne vous résume pas l'intrigue, car je trouve que la quatrième de couverture en dit déjà bien assez. En ce qui me concerne, je l'ai trouvée très bien ficelée, même si le dénouement est à mon goût trop précipité (mais bon, il s'agit de théâtre !). Il faut aussi savoir qu'elle est circulaire : on part d'un point pour y retourner. C'est d'ailleurs ce qui est à l'origine de l'amertume que l'on ressent une fois la lecture achevée. Bien que les thèmes abordés par Musset soient aujourd'hui quelque peu " désuets " (et encore que...), la lecture de Lorenzaccio devient vraiment intéressante si l'on parvient à s'imprégner du contexte de l'époque. Et je ne parle pas ici de l'histoire, qui prend place dans une Florence de la Renaissance, mais de l'époque à laquelle l’œuvre a été rédigée. Il faut savoir que Musset appartient à cette génération de jeunes gens dont la vie a été marquée par ce qu'on appelle communément le " malaise romantique " : Dans les années 1800, les fantômes du passé (et notamment de la révolution) étaient toujours présents ; ils empêchaient la jeunesse de croire en des perspectives d'avenir. J'ai vraiment apprécié de retrouver dans la pièce des éléments témoignant de ce " malaise romantique ". Il aborde également de manière implicite à travers l'histoire de Lorenzo (qui est par ailleurs véridique) un bon nombre d'évènements marquants de son époque, comme les trois glorieuses de juillet 1830. Lorenzaccio est donc, pour moi, une pièce à lire en ayant en tête le contexte historique, politique et social de l'époque, au risque de ne pas saisir toutes les subtilités de l’œuvre (si tant est que ce soit possible). Il est également très intéressant de voir que l'écriture était pour les auteurs romantiques (et d'ailleurs pas que pour eux) un moyen de coucher sur papier leurs doutes, peines, mais aussi convictions ; ce point là m'a semblé très visible dans la pièce.

J'ai d'autant plus aimé Lorenzaccio que j'ai eu la chance de faire un voyage à Florence en seconde. Aussi ai-je pas mal étudié la ville, son histoire et bien sûr celle de la famille des Médicis. C'était très agréable de retrouver un cadre disons... déjà " vu " et " connu ". Je pense que ça a quelque peu facilité ma lecture, ma visualisation ayant été plus aisée.

Concernant les personnages, ils sont ô combien détestables... En effet, ils représentent une telle figure de débauche, de libertinage et d'excès qu'il est tout bonnement impossible de s'attacher à eux. Toutefois, le personnage de Lorenzo est très intéressant, notamment parce qu'il nous mène par le bout du nez du début à la fin ; on croit se faire une " juste " opinion sur sa personne, mais il nous amène aussitôt à la remettre en question dans les scènes suivantes. En cela, je dirais qu'il est tel un marionnettiste, nous manipulant comme si nous n'étions que de vulgaires statuettes de bois.

Quant au style de Musset, si je devais le résumer en un mot, je crois qu'époustouflant conviendrait bien. Les nombreuses images employées rendent sa plume très riche, sans oublier bien sûr les double-sens, qui font que vous aurez beau avoir relu plusieurs fois l’œuvre, vous n'en serez pas plus sûr d'avoir compris toutes les subtilités qu'elle dissimule entre ses lignes.

Dans une vidéo, je vous disais avoir été déçu par les nombreux anachronismes présents dans l'histoire - qui s'inspire, je le rappelle, de faits réels. Mais après réflexion, j'en suis venu à la conclusion que ça n'avait aucune espèce d'importance, tout simplement parce que ces anachronismes servent le propos de Musset. Plus encore, ils lui permettent de renforcer sa critique de certains aspects de la société de son temps. Finalement, le nombre bien trop conséquent de personnages (plus d'une cinquantaine !) reste le gros point noir de la pièce. À peine le temps de s'habituer à l'identité de chacun que tout est déjà terminé. C'est dommage.


Le petit extrait qui fait envie :

« LORENZO : Ah ! vous avez vécu tout seul, Philippe. Pareil à un fanal éclatant, vous êtes resté immobile au bord de l'océan des hommes, et vous avez regardé dans les eaux la réflexion de votre propre lumière ; du fond de votre solitude, vous trouviez l'océan magnifique sous le dais splendide des cieux ; vous ne comptiez pas chaque flot, vous ne jetiez pas la sonde ; vous étiez plein de confiance dans l'ouvrage de Dieu. Mais moi, pendant ce temps-là, j'ai plongé ; je me suis enfoncé dans cette mer houleuse de la vie ; j'en ai parcouru toutes les profondeurs, couvert de ma cloche de verre ; tandis que vous admiriez la surface, j'ai vu les débris des naufrages, les ossements et les Léviathans. »

8 commentaires:

  1. J'ai moi aussi beaucoup aimé Lorenzaccio lorsque j'ai du le lire en 1ère :)

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  2. Je ne suis qu'en troisième, mais j'adore le classique, et notamment de Musset, et j'ai donc lu plusieurs de ses livres : je suis totalement d'accord avec toi. A chaque fois, il arrive à nous faire changer de monde, et il change avec sa plume...
    Tout simplement sous le charme !
    Par contre j'ai eu le même ressenti que toi à propos des personnages. Trop, trop, trop !

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    1. C'est bien que tu t'intéresses aux classiques en troisième :D ! En ce qui me concerne, je regrette un peu de ne pas en avoir lu plus avant :/ C'est un atout pour le lycée, donc continue ^_^ !
      Musset est un auteur fantastique <3 ! J'adore ce qu'il fait :)
      Bises !

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  3. Comme j'avais dit dans ton C'est lundi, je l'ai lu il y a bien longtemps et même si je ne me rappelle pas bien de l'histoire, je me rappelle avoir bien aimé !

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  4. Bonjour,
    Je viens de découvrir votre article et ai beaucoup aimé votre ressenti et votre analyse.
    Avec ma compagnie théâtrale « Le Bateau Ivre » nous venons d'organiser une première conférence « Lorenzaccio, un texte audacieux ! » avec Coralie Pasbecq spécialiste de cette oeuvre de Musset. Si vous souhaitez voir la vidéo intégrale c'est ici : http://bit.ly/20131212-conf-luta !

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  5. J'ai vu beaucoup de critiques de ce livre sur les blogs, étant donné qu'il a été donné pour le bac de littérature, et j'aimerai énormément le lire !

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