Le Cycle des Robots - Isaac Asimov : Les Robots

Informations :

Auteur : Isaac Asimov
Saga : Le Cycle des Robots
Éditions : J'ai Lu
285 pages
6 €

Quatrième de couverture :

Première Loi : un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger.

Deuxième Loi : un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres entrent en contradiction avec la Première Loi.

Troisième Loi : un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n’entre pas en contradiction avec la Première ou la Deuxième Loi.

 

Mon avis :

Bien qu'il s'agisse d'un genre que j'affectionne beaucoup, cela faisait longtemps que je n'avais pas lu de Science-Fiction. Si mes précédentes lectures se résumaient il y a peu à des récits sans grande importance, je peux aujourd'hui dire que mes yeux ont parcouru les lignes d'un des classiques de cette littérature. Cette découverte d'Isaac Asimov - l'un des piliers du genre, faut-il le rappeler - je la dois à Club de Lecture, qui m'a aimablement accordé ce partenariat. Aussi remercié-je Karine pour sa confiance ; j'ose espérer que cette chronique donnera à certains d'entre vous l'envie de découvrir cette pépite de la Science Fiction, rédigée en 1950 par - il faut bien se l'avouer - un véritable visionnaire !

Il convient tout d'abord de savoir que ce premier tome du Cycle des Robots est un recueil composé de neufs nouvelles - chose à laquelle je ne m'attendais absolument pas. Aussi n'y a-t-il pas de scénario à proprement parlé, même s'il existe un fil conducteur qui se présente sous la forme d'un entretien entre un journaliste et Susan Calvin, robot-psychologue ayant longtemps travaillé pour le compte de la United States Robots & Hommes Mécaniques - une grande firme Nord-Américaine. Les neufs nouvelles qui nous ici relatées concernent les histoires qui ont ponctué la remarquable carrière de cette Susan Calvin. Asimov les a classé chronologiquement, de sorte qu'elles nous dépeignent un tableau plus ou moins complet des progrès effectués en robotique sur une période s'étalant d'environs 1990 à 2060 - je rappelle que le livre a été rédigé en 1950 !
L'originalité de ce recueil, Asimov nous l'explique lui-même dans sa remarquable préface : elle tient - selon ses propres mots - dans le fait qu'il est le premier à avoir écrit des histoires de robot ne répétant pas l'éternel mythe du " robot se retournant contre son créateur ". Et en effet, les robots d'Asimov sont des " engins conçus par des ingénieurs et non des pseudo-humains crées par des blasphémateurs ". Ils réagissent selon les " règles logiques implantées dans leurs cerveaux au moment de leur construction ". Ces célébrissimes règles de la robotique, vous les connaissez sans doute déjà :

1. Première Loi : Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger. 
2. Deuxième Loi : un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres entrent en contradiction avec la Première Loi.
3. Troisième Loi : un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n’entre pas en contradiction avec la Première ou la Deuxième Loi.

Si elles sont placées en quatrième de couverture, c'est parce qu'elles sont l'essence même de ce recueil. Je ne pourrais mieux définir ce livre qu'en le qualifiant d'essai sur la robotique. Car au fond, c'est bien à cela que se livre Asimov : chacune de ses neufs nouvelles est une manière pour lui d'essayer son jugement sur le sujet. En décrivant des êtres humains se retrouvant dans des situations délicates face à leur propre création, il nous dresse un tableau des contraintes d'une robotique dont les limites sont sans cesse repoussées. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il fait preuve d'une remarquable acuité dans la conception de ses intrigues. Chaque nouvelle présente un nouveau problème allant croissant dans la complexité, pourtant Asimov parvient à les résoudre en ne s'appuyant que sur les trois lois fondamentales préétablies. C'est tout simplement ahurissant ! Et vous vous rendrez compte à la lecture que la psychologie des robots - et oui, j'ai bien employé le terme psychologie - n'est pas aussi évidente qu'elle en a tout d'abord l'air. 

En ce qui concerne les points négatifs, je dirais que son style, bien que fluide et adapté au genre de la Science-Fiction, reste trop peu littéraire. Les images sont rares voire inexistantes, et il n'accorde que peu de place - si ce n'est aucune - à la poésie. J'irais même jusqu'à dire que certains passages prennent des allures de démonstration scientifique. Sans doute sa formation de biochimiste transparait-elle dans ses écrits. Quoi qu'il en soit, l'aspect scientifique de l’œuvre, s'il ne m'a pas trop dérangé, en rebutera certainement plus d'un ; les réflexions sont parfois pointues, et si elles ne sont pas totalement incompréhensibles, elles demeurent souvent difficiles à suivre jusqu'à leur conclusion. Aussi convient-il de ne pas considérer ce premier tome du Cycle comme une lecture légère ; il s'agit au contraire d'un recueil dense, demandant du temps et de la réflexion.
 

Malgré ces quelques points négatifs, on se laisse aisément porter par le talent d'Asimov. Et je dirais même qu'une fois parvenus à la fin, l'envie de se jeter sur le deuxième tome se fait fortement ressentir. Un classique de la Science-Fiction que je ne peux que vous recommander !

Les petits extraits qui font envie :

« Le savoir a ses dangers, sans doute, mais faut-il pour autant fuir la connaissance ? Sommes-nous prêts à remonter jusqu'à l’anthropoïde ancestral et à renier l'essence même de l'humanité ? La connaissance doit-elle être au contraire utilisée comme une barrière contre le danger qu'elle suscite ? »

« - Regardez vous, dit-il enfin. Je ne parle pas avec un esprit de dénigrement, mais regardez-vous. Les matériaux dont vous êtes faits sont mous et flasques, manquent de force et d'endurance, et dépendent pour leur énergie de l'oxydation inefficace de tissus organiques... comme ceci.
Il pointa un doigt désapprobateur sur ce qui restait du sandwich de Donovan.
- Vous tombez périodiquement dans le coma, et la moindre variation de température, de pression d'air, d'humidité ou d'intensité de radiation diminue votre efficacité. En un mot, vous n'êtes qu'un pis-aller. »

« Frappez-moi ! Vous n'êtes pas un robot, dites-vous, prouvez-le. Il vous est impossible de frapper un homme, monstre que vous êtes ! »