Informations :
Auteur : J.R.R. Tolkien
Éditions : Le Livre de Poche
384 pages
8,00 €
Quatrième de couverture :
Bilbo, comme tous les hobbits, est un petit être paisible et sans histoire. Son quotidien est bouleversé un beau jour, lorsque Gandalf le magicien et treize nains barbus l'entraînent dans un voyage périlleux. C'est le début d'une grande aventure, d'une fantastique quête au trésor semée d'embûches et d'épreuves, qui mènera Bilbo jusqu'à la Montagne Solitaire gardée par le dragon Smaug...
Prélude au Seigneur des anneaux, Bilbo le Hobbit a été vendu à des millions d'exemplaires depuis sa publication en 1937, s'imposant comme l'un des livres les plus aimés et les plus influents du XXe siècle.
Mon avis :
Nombre de chroniques sont déjà parues concernant
Bilbo. Et nul n'ignore que cet ouvrage a été (et demeure encore aujourd'hui) une
référence en matière de fantasy. Donner un avis argumenté, qui ne se limiterait pas à un simple " jugement qualitatif " me paraît être un exercice difficile, plus encore avec une œuvre comme celle-ci. Il faut dire que la
richesse de son univers (très inspiré, et non crée de toutes pièces - mais n'en est-il pas ainsi avec toute œuvre d'art ?) ainsi que son
exemplarité ont de quoi laisser le lecteur sans voix. Aussi tenterai-je dans cette chronique de passer outre cette difficulté, pour vous exposer un avis qui, je l'espère, sera aussi clairement construit que fourni.
Bilbo Le Hobbit nous conte
une histoire au scénario assez simpliste. Calme et solitaire, son héros aspire à une vie tranquille, dont les journées seraient dominées par de longues pauses déjeuner, elles-mêmes entrecoupées d'autres pauses durant lesquelles Bilbo se complairait à ne rien faire d'autre que fumer de l'herbe à pipe. Mais un beau jour de mai, le magicien Gandalf et treize nains débarquent dans son salon pour l'entrainer malgré lui dans une quête au trésor des plus trépidantes... Vous en conviendrez,
l'intrigue n'a rien d'exceptionnel : Tolkien ne fait que reprendre des codes littéraires usés jusqu'à la moelle. On peut alors se poser la question de ce qui a rendu (et continue de rendre)
Bilbo le Hobbit si attrayant.
La réponse à cette question se trouve dans l'univers crée par Tolkien. Car si l'intrigue peut
paraître (j'insiste sur ce mot) réductrice, il n'en est rien de la Terre du Milieu, ni même de toutes les créatures qu'elle abrite. Et je ne pense pas me tromper en affirmant que c'est là
la véritable originalité de ce conte pour enfants.
Si Bilbo a tant plu, c'est parce qu'à l'époque, ce type d'univers était complètement novateur. Tolkien a su puiser dans les mythologies et les légendes des quatre coins du monde pour forger à son histoire un écrin incomparable. De là découle le succès que
Bilbo embrasse encore aujourd'hui. Parce qu'il est l'un des premiers auteurs de fantasy à avoir connu une telle audience, mais aussi parce qu'il a inspiré (et continue d'inspirer) bon nombre d'auteurs contemporains,
Tolkien demeure pour beaucoup une référence majeure (si ce n'est LA référence) en matière de fantasy. Les adaptations cinématographiques du
Seigneur des Anneaux (2001 - 2003) et plus récemment de
Bilbo (2012 - 2014) tendent à démontrer que l’œuvre de Tolkien, déjà très populaire à l'époque de ses parutions, n'a pas fini de faire parler d'elle !
Et moi, qu'ai-je vraiment pensé de cette lecture ? Sachez tout d'abord que, contrairement à nombre d'entre-vous,
elle n'a pas été un coup de cœur. La faute n'incombe pas à une intrigue trop enfantine (car il m'arrive parfois - et même souvent - de lire des livres jeunesse) ou à un style d'écriture que beaucoup qualifient (je cite) d' " ampoulé ". En fait, ces points font plutôt partie de ceux qui m'ont plu : ne faut-il pas au moins autant de pédantisme pour conter une histoire telle que celle là ? Non,
ce qui m'a véritablement déçu, c'est cette fin, qui laisse justement le lecteur sur sa faim. Ce dénouement, que j'ai trouvé trop vite amené. Cette impression que l'histoire s'est bouclée en deux trois mots, sans que cet héroïsme qui avait été promis au lecteur dès les premières lignes n'ait eu le temps de s'exprimer pleinement. Ceux qui auront lu le livre me comprendront. Ceux qui ne l'ont pas fait ne doivent pas pour autant s'effrayer.
Bilbo reste un roman à la qualité incomparable, et si cette fin peut décevoir, tout ce qui précède vaut largement la peine d'être lu. Alors certes,
les personnages constituent en eux-mêmes une belle brochette de lieux communs, mais peut-on vraiment reprocher à un livre pour enfants d'offrir à de jeunes esprits une vision trop stéréotypée, trop manichéenne d'un monde qui se révèle au final être (sur quantité de points) bien différent du nôtre ? Je ne le pense pas.
Adorateurs de contes et de fables, ce roman est fait pour vous. La narration fait d'ailleurs partie des points qui m'ont le plus envouté. Espiègle, farceur et taquin, le narrateur est présent du début à la fin, et il vous le fait savoir !
Véritable monument de la fantasy, Bilbo le Hobbit fait partie de ces livres que tout amateur du genre devrait avoir dans sa bibliothèque. Si nul n'ignore la richesse de l'univers crée par Tolkien (y compris les gens qui ne l'ont jamais lu, merci Peter Jackson), nombreux sont ceux qui méconnaissent la tout aussi grande richesse de sa plume. Certains aimeront, d'autres trouveront ça un tantinet pompeux. En ce qui me concerne, malgré une fin en demi-teintes, je fais partie de ceux qui adorent et en redemandent !
Les petits extraits qui font envie :
« Au fond d'un trou vivait un hobbit. Non pas un trou immonde, sale et humide, rempli de bouts de vers et de moisissures, ni encore un trou sec, dénudé, sablonneux, sans rien pour s'asseoir ni se nourrir : c'était un trou de hobbit, d'où un certain confort. »
« Ils parvinrent enfin par la longue route au col même où les gobelins les avaient capturés auparavant. Regardant en arrière, ils virent un soleil blanc briller sur la vaste étendue des terres. Là, derrière eux, se trouvait Mirkwood tout bleu dans le lointain et d'un vert sombre, même au printemps, à l'orée la plus proche. Là, très loin à l'horizon, s'élevait la Montagne Solitaire. Sur sa plus haute cime, la neige, non encore fondue, luisait d'une pâle lueur.
-Ainsi vient la neige après le feu, et même les dragons ont une fin, dit Bilbo. »
« Que ça soit maudit ! Maudit ! Maudit ! sifflait Gollum. Que le diable emporte le Baggins. Ça a disparu ! Qu'est-ce que ça a dans ses poches ? Oh ! On le devine, on le devine, mon trésor. Il l'a trouvé, oui, sans nul doute. Mon cadeau d'anniversaire. »
« Eh bien, joyeuses gens ! dit Bilbo, passant la tête au-dehors. Quelle heure est-il à la lune ? Votre berceuse réveillerait un gobelin ivre ! Mais je vous en remercie.
- Et vos ronflements réveilleraient un dragon de pierre - mais on vous en remercie, répliquèrent-ils en riant. »