jeudi 16 août 2012

Le Cid - Pierre Corneille

Informations :

Auteur : Pierre Corneille
Éditions : Pocket
108 pages
1,50 €

Quatrième de couverture :

Dans une Espagne médiévale, héroïque, éclatante, deux jeunes gens se déchirent et s'adorent. Pour laver un affront, Rodrigue tue le père de Chimène. L'honneur et le devoir exigent la vengeance et la haine, mais elle aime éperdument cet assassin.
Une comédie ? Une tragédie ? Cette pièce, tout le monde le pressent, est le plus beau, le plus vivant, le plus jeune des drames romanesques. C'est un poème amoureux où les sentiments l'emportent sur les convenances et la loi, un chant de désespoir et de révolte.
À la création du Cid, le succès fut tel qu'il fallut ajouter des chaises sur la scène.
Depuis plus de trois siècles, il fait salle comble.
Le théâtre de Corneille est pétri de tendresse, d'inattendu, de folie.
On commence tout juste à le comprendre aujourd'hui.

Mon avis :

Même si ma relation avec les classiques est pour le moins tumultueuse, il en est tout de même certains qui me plaisent tellement que je ne me lasse pas de les relire ! C'est le cas du Cid qui, bien que lu durant mon année de quatrième, ne m'a pas le moins du monde déçu pour cette seconde lecture. Bien au contraire, j'ai trouvé ça très intéressant de constater que mon opinion différait de la première fois, ma culture littéraire ayant fortement évolué en quatre ans !

Quel bonheur ce fut de me replonger dans cette Espagne médiévale où gloire et honneur dictent la conduite de chacun, mais où deux amants vont oser braver les convenances pour vivre librement leur amour ! Pour comprendre cette histoire et l'apprécier à sa juste valeur, il convient de s'immerger dans les us et coutumes de l'époque. Impossible dans le cas contraire de comprendre ce dilemme qui ronge le cœur de nos deux héros, dilemme cornélien comme Corneille sait si bien en faire, dans lequel les personnages se retrouvent englués jusque dans la moelle, et qui oblige nos deux amants à choisir entre amour et honneur. Ce qui les condamne, dans l'un ou l'autre des cas, à demeurer malheureux le restant de leur vie. Bien que l'histoire du Cid soit très populaire (il n'est pas un classique pour rien !), je ne vous en dis pas plus, de peur de spoiler les personnes qui ne l'auraient pas lu !

Bien entendu, l'intrigue et l'histoire contribuent fortement à l'affection toute particulière que j'éprouve pour cette œuvre ; elles portent en elles-mêmes des valeurs qui me sont chères et dépeignent un amour comme on n'en trouve plus d'aussi beaux aujourd'hui. Mais ce qui me frappe le plus ici, c'est l'originalité avec laquelle Pierre Corneille a écrit sa pièce (du moins pour l'époque). Il fait partie de ces premiers auteurs qui ont osé briser les grandes règles du théâtre dit " classique ", en confondant deux genres qui jusqu'alors n'avaient jamais été confondus : la comédie et la tragédie. En faisant fi des rigidités de l'époque, il a su accéder au panthéon des grands noms de la littérature française ; ceux-là mêmes qui, par leur audace, ont contribué à la faire progresser, ouvrant la voie à bien d'autres auteurs. Et si naguère il fut décrié, le Cid aujourd'hui rayonne par son ingéniosité.

Mais cette chronique serait incomplète si je ne vous parlais pas du style de Pierre Corneille, que je trouve excessivement beau. Toute la pièce est écrite en alexandrins, et il ne se passe pas une scène sans que les discours des personnages soient tout empreints de poésie. Que cela soit pour la verve aiguisée de Chimène ou la rhétorique percutante de Rodrigue, Pierre Corneille ne laisse aucun mot au hasard, et je pense qu'on pourrait lire la pièce une infinité de fois sans pour autant découvrir tout ce que ses phrases alambiquées dissimulent en sens.

Et puis il y a bien sur ces tirades, si véridiques qu'elles ont su traverser les âges pour devenir proverbe ; « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » ; « Je suis jeune, il est vrai, mais aux âmes bien nées la valeur n'attend pas le nombre des années ». Nul besoin d'avoir lu Le Cid pour les connaître, « notre mémoire les a captées à notre insu ». Quel meilleur témoin de la grandeur de cette pièce ?
Vous comprendrez aisément que j'ai adoré ma lecture, et il est certain que je relirais ce chef-d’œuvre de la littérature de nombreuses fois encore. Si vous ne l'avez pas encore lu, vraiment, allez-y ! Même si (plus encore, devrais-je dire) vous n'aimez pas les classiques. Car nul doute que cette pièce saura vous réconcilier avec le genre.


Le petit extrait qui fait envie :

« Sire, mon père est mort ; mes yeux ont vu son sang
Couler à gros bouillons de son généreux flanc ;
Ce sang qui tant de fois garantit vos murailles,
Ce sang qui tant de fois vous gagna des batailles,
Ce sang qui tout sorti fume encor de courroux... »

4 commentaires:

  1. T'es la première personne que je rencontre qui a eu un coup de coeur pour le Cid... comme moi !! Je me sens moins seule maintenant ^^
    Je te conseille vivement les Racine ! J'ai lu toutes ces pièces, je te conseille vivement Phèdre ou Iphigénie !

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    1. Je n'ai jamais lu de pièces de Racine ^^ Mais c'est vrai qu'on m'en a dit pas mal de bien ;p J'avais été voir Phèdre au théâtre sans avoir lu la pièce et... le débit étant trop rapide, je n'avais pas tout saisi :/ Du coup ça m'avait un peu dégoûté =/ Mais je lirais la pièce :)

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  2. Prise d'une petite pulsion en ce dimanche (avant la reprise des cours. *bouhouhouuu*...) j'ai décidé de flâner sur ton blog.
    Et je t'avoue que j'ai moi aussi lu cette pièce, mais je n'ai pas saisi tout ce que tu décris dans ta chronique (je n'étais pas non plus à une période de ma vie très chouette, d'où ma négligence lors de ma lecture, je suppose).
    En tout cas, tu me donnes vraiment envie de m'y replonger ! Et sache que j'adoooore ta façon d'écrire tes chroniques. La tournure de tes phrases, waow ! Comme je te l'ai dit sur FB : je suis une de tes nouvelles fans ! ;D

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    1. Coucou Erenella :D !

      J'espère que ta reprise s'est bien passée :) !

      Je te conseille de la relire, c'est à mon sens un vrai chef d’œuvre ! Si ça peut te rassurer, je n'ai pas tout saisi non plus la première fois que je l'ai lue ! Et puis de toute manière, Le Cid est ce genre de pièce qu'il faut relire plusieurs fois pour bien en comprendre tous les enjeux :) Je suis certain que si je la relisais, je découvrirais d'autres de ses aspects encore insoupçonnés ^^

      Bises à toi et merci encore pour tous ces compliments et ton passage par ici :D

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